En cours ....

BRETAGNE CONTEMPORAINE

GWENN ha DU , un siècle en noir et blanc

"Symbole identitaire par excellence, le drapeau breton fête ses 100 ans. Moderne et fédérateur, il n'a jamais été aussi populaire" - page Notre HistoirE "Nous Vous IllE" magazine du Département d'Ille-et-Vilaine N° 142 déc23/jan-fév 24

     On le voit partout, en festival, au stade et il honore les plaques d'immatriculation. Aux quatre coins de la planète, les Bretons l'emportent en voyage, plié amoureusement dans le sac à dos. Le Mont-Blanc? Déjà fait. Le cosmos aussi. L'astronaute Jean-Loup Chrétien l'a emmené dans l'espace.

     Mais d'où vient-il? D'abord de la langue bretonne. Le Gwenn ha Du porte les couleurs de son nom : Gwenn pour le blanc, Du pour le noir. Beaucoup l'imaginent ancestral. Pas du tout, sa création récente est l'oeuvre d'un jeune architecte natif de Vitré (Haute-Bretagne), Morvan Marchal (1900 - 1963). Dans les années folles (1920), le jeune homme faisait partie des "Seiz Breur", courant artistique qui aspirait à dépoussiérer l'art populaire breton. Quoique fondateur de "Breiz Atao", la revue étendard du nationalisme breton, Morvan Marchal a toujours réfuté le geste politique : le Gwenn ha Du est né en 1924 pour doter la Bretagne d'un emblême moderne, inspiré du "star-splangled banner" américain. Les  9 hermines - symbole des Ducs et Duchesse de Bretagne - remplacent les étoiles. Blanches ou noires, les bandes horizontales représentent les neuf anciens évêchés de la Bretagne : ceux de Cornouaille, de Vannes, du Léon, de Tréguier où l'on parle breton, et ceux de Rennes, Nantes, Dol-de-Bretagne, Saint-Malo et de Saint-Brieuc où l'on parle gallo. La Basse-Bretagne et la Haute-Bretagne sous une même bannière.

     Un avènement tardif : sans faire l'unanimité à ses débuts, le Gwenn ha du fut néanmoins rapidement adopté par le parti autonomiste breton puis par les cercles celtiques. En 1937, il flotte au-dessus du pavillon de la Bretagne à l'Exposition universelle de Paris. Une consécration? Le début d'une reconnaissance. "Le drapeau à bandes" est longtemps resté une affaire d'initiés, très liée à la culture bretonne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la bannière armoricaine navigua sous vents contraires. La collaboration d'une large partie du mouvement nationaliste breton - qui l'avait adoptée - avec l'Allemagne nazie entache ses couleurs à la Libération. Il faudra attendre les années 1960 pour voir le Gwenn ha Du s'imposer. Brandi par une foule en liesse, le drapeau breton pavoise lors de la victoire historique du Stade Rennais contre Sedan en Coupe de France en 1965. A Saint-Brieuc, en 1972, il défile combatif au poing des ouvriers en grève de l'usine du Joint français. A Plogoff, en 1980, il figure la lutte des mouvements écologiques contre le projet de centrale nucléaire. Le Gwenn ha Du devient le symbole de la résistance au pouvoir en place. Il devient alors politique en affirmant l'existence de la Bretagne avec ses particularités. Il s'enracine dans le coeur des Bretons, leur vie quotidienne. Jusqu'à décorer les rayons des supermarchés, les boutiques de souvenirs... devenant le symbole d'un  corpus de valeurs, de convivialité, de fierté et de solidarité. Avec l'appartenance bretonne des cinq départements d'avant 1941 : les supporters du FC Nantes l'ont repris en jaune et vert, la communauté LGBT aux couleurs de l'arc-en-ciel... par Olivier Brovelli

     Archives Secrètes de Bretagne 1940-44

     L'ouvrage de Henri Fréville, maire de Rennes de 1953 à 1977,député d'Ille-et-Vilaine de 1958 à 1968, président du Conseil Général d'Ille-et-Vilaine de 1966 à 1976 et sénateur de 1971 à 1980, est le fruit de recherches d'un Agrégé d'Histoire Délégué pour la Bretagne du "Comité général d'études pour l'information" dans la Résistance. Il paraitra aux Editions Ouest-France en 1985.

     Les écrits reviennent longuement sur le rôle majeur de Werner BEST, chef de l'administration militaire en France occupée, de 1940 à 1942. Il était hostile à la France,  qui fit payer chèrement l'Allemagne humiliée aux lendemains de la Grande Guerre de 1914 - 18 ou 19, une France considérée centralisatrice et guerrière avec ses colonies. Il cultivait une philosophie raciale et nationaliste et une politique des ethnies.

     Seules deux régions françaises semblaient retenir son attention : le Pays Basque et la Bretagne.

     Membre de la société allemande d'études celtiques, il découvrit plus particulièrement la Bretagne grâce à la revue "STUR" (gouvernail en breton), créée en 1934 par Olier Mordrel. L'article du n°13 de juin 1938 était écrit par Roparz Hémon, de son vrai nom Louis Némo. - Ce personnage avait également un pseudo : "Katuvolkos", en référence au chef éburon Catuvolcus. Les Eburons, région de la Bourgogne actuelle, étaient alliés des Germains. Vaincu par Jules César  Catuvolcus s'empoisonna avec des baies d'if. - Que contenait cet article intitulé : "La route vers nous-mêmes"? Il voulait définir un "racisme breton, cherchant à se débarasser de l'emprise mortelle de l'académisme latin et ses dangers face au génie celtique." Selon l'auteur , "depuis 2 000 ans, le latinisme a sapé puis étouffé la société celtique, ses arts, ses aspirations et ses manières de vivre. C'est lui qu'il faut éliminer."

     Dès juillet 1940 Werner BEST envoie un rapport sur la Bretagne qu'il situe comme "une pierre angulaire de la garde atlantique sous influence de l'Allemagne, avec un espace méditerranéen soumis aux impulsions de Rome (!), avec des incertitudes sur la Grande Bretagne non hors de combat et l'entrée, ou non, des Etats-Unis dans le conflit en cours." Il précise que la péninsule bretonne est le seule apte à jouer le rôle de pivot sud d'une garde atlantique, la Norvège en étant son homologue nord , déjà envahie ainsi que le Danemark.

     La Bretagne selon BEST : "le pays est habité par un peuple qui aspire à se détacher de la France." Plus tard ce jugement sera sérieusement nuancé! Porté par un élan triomphaliste il déclame  que "A partir de la Bretagne - en celtique Breiz - indépendante et sous protection allemande, on pourra soulever contre l'Etat anglais les éléments celtes du Pays de Galles (en celtique Cymru) et de Cornouailles (en celtique Kernow)." BEST ne considère "Celte" que les zones avec le parler "Britonnique". Il rejette ainsi les Gaëliques d'Irlande et d'Ecosse. 

 Irish britons anglosaxons

  

     A l'Etat-major allemand Abetz répond qu'il y a lieu de tout faire par la presse, la radio et la propagande pour accentuer les divergences dans l'opinion française en supprimant l'Alliance française et en stimulant les mouvements séparatistes en Bretagne, en Flandre et en Bourgogne. La Wehrmacht défend alors d'apporter un soutien public à l'autonomisme breton. Dès lors, les séparatistes bretons font acte de précipitation. Le 25 juillet 1940, leurs leaders Debauvais, Mordrel et Marcel Guiyesse font publier une dépêche dans "L'Heure bretonne" indiquant avec le Conseil national breton que la Bretagne deviendrait un état indépendant, qu'afin de remédier à l'oppression dont la Bretagne a souffert depuis 150 ans (1790) du fait de l'administration française, les autorités allemandes ont officiellement reconnues l'existence de la province en créant un poste de gouverneur dont l'autorité s'étendra aux (cinq) départements bretons. Ce fut repris par les radios allemande, anglaise, suisse et américaine et fit des remous importants. On fit dire que ce titre "La Bretagne proclame son indépendance" avait été à contresens et le fait d'un journaliste trop enthousiaste et zélé... et qu'il convenait d'observer à l'égard des aspirations autonomistes des Bretons la stricte neutralité. Désormais les Allemands vont exercer une surveillance du journal séparatiste breton.

     Selon un rapport allemand, "la Bretagne n'est rattachée à la France que depuis le XVIè siècle. Elle a perdu, au cours de la Révolution française les droits particuliers qu'elle possédait à l'origine en matière d'administration locale et dans le domaine de la langue. Les habitants appartiennent à une ethnie qui, par ses origines, ses coutumes, est différente du peuple français. La langue bretonne est prédominante dans la partie occidentale du pays. Les Bretons sont au nombre de 3 millions, dont seuls 41% parlent encore breton. L'immigration venue de la France intérieure et l'installation de fonctionnaires exclusivement français ont fait perdre aux villes une grande part de leur caractère breton. La bourgeoisie locale est entièrement francisée. Par contre, la population rurale a conservé ses anciennes caractéristiques ethniques.

     Il existe, depuis plus de 100 ans, un mouvement pour l'indépendance de la Bretagne qui aspire, soit à se détacher de la France (séparatisme), soit à obtenir des droits particuliers (autonomisme). Ce mouvement s'est élargi et renforcé dans les années qui ont précédé la guerre. Ses chefs sont peu nombreux. La masse paysanne est encore indifférente au mouvement. On a remplacé le breton par le français à l'école et dans l'administration. Des mesures ont été prises contre la littérature et le seul journal breton.

     Plusieurs chefs du mouvement breton ont été condamnés à mort. Fin août 1940 le préfet du Finistère ordonnait l'arrestation de Mordrel (Olivier Mordrelle) et Debauvais, chefs du Parti national breton condamnés pour haute trahison au profit de l'Allemagne. Mais une disposition de l'armistice les libérait de ce jugement. Depuis l'armistice le gouvernement français et le corps des fonctionnaires estiment que ce mouvement est particulièrement dangereux. L'église catholique travaille dans le même sens.

     L'Allemagne doit adopter une attitude telle qu'elle empêche les autorités françaises de réprimer le mouvement breton, tout en évitant cependant de paraitre prendre parti. Il faut continuer à maintenir la presse bretonne dans l'orientation autonomiste. On ne tolérera pas de tracts séparatistes.

     Mais qui étaient ces séparatistes? il suffit de lire la prose de Mordrel : "Nous n'avons plus foi dans le peuple qui ne pense pas, n'a aucun sentiment national et ne compte pour rien. C'est le petit nombre qui compte, aller en prison, braver les lois, opérer en secret, frapper, incendier, répandre la terreur (comme le Gwenn ha Du, c'est notre armée... en secret. Nous nous entrainons en groupes dans les bois, la nuit...). Nous ne sommes pas chrétiens. Nous retournerons demain au paganisme. Ce sont le sang des celtes, leur sauvagerie, leur héroïsme qui seront notre foi!"

     A la mi-septembre 1940, on assista à une crise aiguë au sein du parti autonomiste. La frange activiste et séparatiste du mouvement national breton fut écartée du pouvoir, en premier lieu Mordrel et Debauvais. On regroupe alors les autonomistes modérés avec Raymond Delaporte, un catholique militant de Chateauneuf du Faou, membre de l'association populaire chrétienne "Bleun-Brug" (fleur de bruyère). Recevant le total soutien des autorités allemandes, la constitution d'un Etat breton indépendant devient utopique et inconcevable. Les informateurs estimaient que la tendance séparatiste était de plus en plus impopulaire. Le Gouvernement de Vichy ne fut en rien dans cette initiative.

     Encouragés par la section allemande de Propagande France Paris, les autonomistes bretons modérés vont sortir un quotidien : "La Bretagne". Le journal basé à Rennes sera réalisé par Yann Fouéré et Jacques Guillemot à partir du 20 mars 1941. Mais les rapports allemands indiquent à cette période "la faiblesse du mouvement breton pour l'autonomie. Seule une minorité extrémiste est favorable et la population est de plus en plus anglophile." Les autorités allemandes font alors prévaloir des revendications spécifiques dont l'usage des langues régionales. En août 1941, création d'une Commission pour l'écriture d'une Histoire de la Bretagne avec, entre autres, deux bardes Ab Alor et le fameux Taldir, François Jaffrennou.

     On "ménage" les séparatistes Mordrel et Debauvais en les envoyant en Allemagne accomplir un "séjour d'études celtiques". L'idée principale :

"Pour qu'une organisation modérée soit efficace et admise par la population il est nécessaire que l'organisation extrêmiste subsiste." On choisit le moindre mal! 

     Qu'est devenu Roparz Hémon ? il se lance animateur de la radio "Rennes Bretagne" en proposant des causeries en langue française ou bretonne sur l'histoire, géographie, coutumes, chansons et musiques bretonnes. Il devint le défenseur d'une langue bretonne unifiée avec les dialectes du Léon, de Tréguier et de Cornouaille vis-à-vis du Vannetais. Son article du 23 mars 1941 dans "Arvor" n°12 ,"Le breton, langue officielle", demandait le breton comme langue officielle à côté du français.

     Mais en juillet 1942 la proposition de placer un manuel de langue bretonne de Yann Sohier, -Me a lenno" (Je lirai), dans les écoles primaires publiques se traduisit par un article enflammé de Roparz Hémon, "Arvor" du 26 juillet 1942. Il s'emporta avec des relents de racisme et d'antisémistisme, parla de refaire cette Histoire de Bretagne avec des siècles de honte et d'esclavage de nos petits celtes à cause des légions romaines etc... La contrepartie sera un échec allemand voulant jouer la "modération" à cette période orientée sur un appui d'un parti autonomiste breton. Cet article va le discréditer devant tous.

     Quel sera son destin ultérieur? En août 1944, il s'enfuira de Rennes avec des membres de la formation Perrot pour atteindre l'Alsace puis l'Allemagne. Capturé, il sera jugé en Bretagne en 1946 puis deviendra professeur des hautes études celtiques à Dublin et décèdera en 1978. Bezenn Perrot était une formation paramilitaire créée en mars 1944, issue des sections de combat du séparatiste Célestin Lainé. Ses membres portaient l'uniforme allemand et avaient un salut similaire à celui des Waffen SS. Le nom de Yann-Vari Perrot était celui de l'abbé bretonnant et régionaliste du Léon"parachuté" dans une petite commune "rouge" de Scrignac dans les Monts d'Arrée. Fervent nationaliste breton anticommuniste, il est "calomnieusement accusé d'être acquis au nazisme le plus échevelé". Il fut abattu par un jeune résistant communiste.

     La Bretagne, une rebelle!

  Comment mieux répondre aux aspirations de notre Bretagne contemporaine en France et dans l'Union européenne toujours en construction et en interrogations ?

avec Jacques Delors : "On n'affronte pas le présent et on ne construit pas l'avenir si on n'a pas de mémoire."

 

     Depuis la bataille de 1488 à Saint-Aubin-du-Cormier, gagnée par l'artillerie française face aux Bretons et des coalisés de circonstance, puis 1532, année d'un rattachement subi avec le royaume de France, la province associant des peuplades armoricaines et des cousins d'Outre-Manche ne sera jamais complètement "soumise" aux Francs. Son Histoire, la diversité et la personnalité de ses habitants et sa géographie portée par sa péninsule vers la Manche et l'Océan lui confèrent un statut original et singulier. Un "Penn ar bed" vers des libertés!

     De tous temps les échanges commerciaux existaient de part et d'autre de la Manche et la mer d'Irlande.

     Des peuplades de la Bretagne insulaire avaient déjà fuit en Armorique à la fin du IVè siècle. L'armée romaine, confinée sous le mur d'Hadrien, subissait des soulèvements. Des moines, venus de Cornouailles, du Pays de Galles et d'Irlande aux V et VIè siècles, ont apporté leurs cultures et leurs langues en Armorique. On aura choisi seulement "7 Saints" en Bretagne parmi environ 7 500 noms possibles!

     Chez les Gaulois, au VIè siècle, dans la dynastie des Mérovingiens, pour contrer son frère Clotaire, Childebert favorisera l'immigration de Cornouaillais et de Gallois vers l'Armorique, poussés par les Jutes, Pictes et Saxons. A l'inverse, suite à des raids Vikings, l'aristocratie bretonne fuira Outre-Manche de 913 à 935. Dans l'autre sens, le Normand/Viking Guillaume Le Conquérant emmena avec lui un tiers de son armée composée de Hauts Bretons pour conquérir l'Angleterre en1066. Et les Fitzalan/Stuart de Dol-de-Bretagne s'en allèrent s'implanter en Ecosse... Les Anglo-Normands Plantagenets d'Henri II, époux d'Aliénor d'Aquitaine, seront maîtres de la Bretagne de 1166 à 1213, laissant place au capétien Pierre de Dreux. Au XIIè siècle, l'aristocratie bretonne s'exprime en français ou en latin, excepté en Basse-Bretagne. Alain IV Fergant (1084 - 1112) fut le dernier duc bretonnant. Mais le peuple bas-breton, lui, s'exprimait toujours en breton, pénétrant progressivement vers l'est. 

 

     Après la victoire d'Hastings en 1066, Guillaume Le Conquérant impose le franco-normand pour la noblesse anglo-normande. Pendant près de trois siècles, lois et édits sont publiés en saxon pour le peuple et en "français" pour l'aristocratie. La Guerre de Cent Ans mettra fin à cet usage et le français ne sera plus utilisé vers 1450. En 1488, la Ville de Rennes était attaquée par les troupes françaises de la Trémoille qui se vit signifier : "Ne pensez pas que vous soyez déjà seigneurs en Bretagne, le roy n'a aucun droit en cette duchée. Nous ne craignons ni le roi, ni  toute sa puissance.Lui faites part de la joyeuse réponse car n'aurez d'autre chose." Les français quittèrent les lieux ne voulant répéter le siège de Nantes. Mais, voulant porter secours à Fougères - qui avait capitulé le 19 juillet -, l'armée bretonne sortit de Rennes et rencontra l'armée française et son artillerie puissante à Saint -Aubin-du-Cormier...

     Retenons le dynamisme culturel et technique de la Bretagne après la naissance de l'imprimerie Jean Brito de Pipriac, au nord de Redon, vers 1450. Le premier dictionnaire mondial trilingue (breton, françois et latin) sortira de l'imprimerie Jehan Calvez en 1499. Le "Catholicon" fut demandé à Jehan Lagadeuc par le chanoine de Tréguier.

- L'ordonnance de portée générale de Villers-Cotterêts, signée par François 1er en août 1539, comportait 192 articles pour la justice et la police. Fait important, les actes officiels ou notariés (articles 110 et 111) ne s'écriront plus en latin mais se feront en "langue maternelle françois". Nombre de sujets ont estimé que cela s'appliquait à "toutes les langues maternelles du royaume". Les articles 50 à 54 précisent que les curés devront tenir des registres de baptêmes et décès.

 L'ancêtre breton du Gwen (n) ha Du?

     La croix noire "Kroas Du" sur fond blanc aurait été arborée par nos bateaux partant aux Croisades, au Combat des Trente, sur le drapeau de la Ville de Nantes et la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier... Ce qui est bien sûr c'est l'apport du Capétien Pierre de Dreux avec son quartier d'hermines au XIIIè siècle. Son surnom de "Mauclerc" fut donné pour l'absoudre d'une période  vindicative avec le clergé.  Un quartier d'hermines réservé à cet ordre fut confisqué pour se placer dans son blason familial comme Duc de Bretagne de 1213 à 1237. On raconte aussi cette belle histoire de la Duchesse Anne de Bretagne associant l'hermine, animal poursuivi qui fit face plutôt que de salir sa robe blanche et quelque peu noire.

      Leur connotation "Inter-celtique" sera affirmée aux Bas-Bretons en 1701 par la venue du bibliothécaire gallois du musée d'Oxford. Ce linguiste éminent, Edward Lhuyd, continuera son voyage d'études de la Bretagne en descendant la façade Atlantique. Il divisera ensuite les langues celtiques en "Britonniques", Bretagne, Cornouailles et Pays de Galles et "Gaëliques", Ecosse, Ile de Man et Irlande. Si le Cornique a disparu à la fin du XVIIIè siècle, il est connu que de nos jours les marins bretonnant continuent de communiquer en britonnique avec leurs homologues gallois . Cependant, la Bretagne accueillera une communauté irlandaise catholique et gaëlique au XVIIè siècle, fuyant la soumission de l'île par Cromwell.

 

     Les nombreuses révoltes bretonnes envers le roi de France étaient la résultante d'un attachement à leurs terres éloignées du pouvoir autoritaire et centralisateur qui venait ponctionner avec des taxes, s'ajoutant à celles de leurs seigneurs. Si le XVIè siècle fut celui de l'"Age d'or" de la Province, celui-ci s'acheva avec la Révolte des Bonnets rouges de 1675 à Rennes puis de nombreuses villes de Bretagne . On parla de 15 000 coupables à châtier. En Cornouaille, les "Bonnets bleus" inventent un "Code paysan", initiateur des revendications ultérieures de 1789 : abolition des corvées,  des dîmes, de la banalité du moulin, argent des fouages employé à acheter du tabac, distribué avec le pain bénit aux messes paraoissiales, droit de chasse réglementé, colombiers rasés, recteurs et curés salariés par leurs paroissiens, justice plus rendue par le seigneur mais un juge salarié, mariages permis entre noblesse et paysannerie, successions partagées équitablement, ...

     Ces événements durement réprimés restèrent présents dans les mémoires : "les arbres commencent à pencher sur les grands chemins sous le poids qu'on leur donne!" Le Parlement de Bretagne, suspecté d'intelligence avec l'insurrection sera envoyé en exil à Vannes de 1675 à 1690 et fera baisser la population de Rennes d'environ 2 000 à 3 000 personnes sur 45 à 50 000 personnes. On dira que "Rennes sans le Parlement ne vaut pas Vitré". A partir du 23 octobre 1675, les habitants de la rue Haute quittent la Ville. On démolira un tiers de leurs maisons en avril 1676. L'affaire La Chalotais à Rennes, en 1762, signifia également une résistance nobiliaire bretonne. A l'aube de la Révolution française, la conjugaison avec une dure période climatique amenant de faibles récoltes et la misère, les aventures guerrières et coûteuses de rois de droit divin et absolu, l'éveil des consciences avec le libéralisme et la franc-maçonnerie, le Nouveau Monde, les "Découvertes" et la Guerre d'Indépendance américaine furent des déclencheurs d'opinions.Le roi Louis XVI et son épouse l'Autrichienne, mal acceptée, ne furent pas à la hauteur de sa fonction dans une période majeure de profonds changements culturels, économiques et politiques. Les erreurs hésitations  devinrent une valse funèbre.

     La révolte de tuiles jetées sur la troupe dans le Dauphiné en juin 1788, puis l'Assemblée de la Vizille près de Grenoble amenant la tenue des Etats-Généraux, furent des éléments décisifs. Les derniers Etats avaient été convoqués en 1614. 

     Aux Etats-Généraux de Bretagne de décembre 1788, le mécontentement piloté par 300 étudiants de Droit de Rennes, avec Moreau le morlaisien à leur tête,  appuyés par 400 étudiants montés de Nantes, aura son dénouement aux "Journées des Bricoles" des 26 et 27 janvier 1789; les "bricoles" servaient à soutenir les seaux ou les chaises de ces "messieurs"! Tout tint dans l'entêtement des nobles à propos des impositions réservées aux seuls roturiers, les "fouages". Inconscients, lls faisaient fêtes et ripailles et s'arc' boutèrent sur leurs droits séculaires! Les bourgeois et le peuple s'unirent contre ces nobles qui avaient six à sept fois plus de voix que les deux autres ordres réunis, le Tiers état et le clergé. Il en résulta une bataille à la sortie du Couvent des Cordeliers, place du Palais de Rennes avec la mort du fils d'un capitaine de cavalerie, un porteur et l'ami de Chateaubriand, lequel dira : "Lecteur je t'arrête, regarde couler les premières gouttes de sang que la Révolution allait répandre. Franchis le fleuve de sang qui sépare à jamais le Vieux monde dont tu sors, du monde nouveau à l'entrée duquel tu mourras."

     Parmi les nobles présents, il y avait  le Marquis de La Rouërie, le héros de Yorktown et la Guerre d'Indépendance américaine entre 1777 et 1784, l'ami de Georges Washington. Les jeunes étudiants avaient adulé ce jeune noble libéral et franc-maçon,saluant l'idée d'un changement d'époque et opposé à l'absolutisme d'un monarque. Il avait été emprisonné à la Bastille avec d'autres nobles bretons  - certes avec confort - l'été 1788, pour avoir défendu les intérêts de la Bretagne.Par la suite, il sera le précurseur de la Contre-révolution avec son "Association bretonne", ne cautionnant pas la suppression par les Républicains des lois et coutumes particulières de la Bretagne.

     Le Tiers Etat breton comprenait une majorité de bourgeois, futurs fondateurs du "Club Breton". Il deviendra ensuite le "Club des Jacobins" à Versailles, avec Robespierre qui en prendra la présidence en 1790. "Le bonnet phrygien de notre Marianne républicaine n'est autre que celui des bonnets rouges de Sébastien Le Balp tué par un marquis en 1675. En 1782, les criminels condamnés à vie au bagne de Brest portaient l'habillement et le bonnet rouge. La quasi-totalité des députés bretons, convoqués aux Etats-généraux, étaient francs-maçons. Ce Club des Bretons, qui avaient tous leur bonnet rouge dans la poche, a joué un rôle majeur dans l'abolition des privilèges, dans la nuit du 3 août 1789. D'autre part, il existait en Bretagne des liens très forts entre jésuites et francs-maçons qui s'intéressaient aux questions sociétales, faisaient de l'entrisme, de la diplomatie, s'opposaient à Paris ou à Rome. La "Parfaite Union" à Rennes ou les "Amis de Sully" à Brest font partie des loges les plus anciennes de France. C'est aussi en Bretagne que sont nées la franc-maçonnerie forestière et celle des bois, très liées au néo-druidisme", d'après "Le Compas et l'hermine" d'Arnaud d'Appremont.

     Rennes, ville républicaine, s'opposera aux excès de la Terreur de 1793 avec son maire Jean Leperdit, contrairement aux excès de Nantes. Mais, la demande de levée de 300 000 hommes cette année 1793, pour combattre aux frontières de l'Est, provoquera dans l'Ouest de la France une insurrection. "Le paysan breton préferera se battre chez lui pour des biens tangibles que se battre aux frontières pour une abstraction. Le soulèvement de l'Ouest contre la République continuait, par certains de ses aspects, d'autres soulèvements du temps de la monarchie." selon Michel Mohrt.

   Au sud de la Loire, les "Vendéens" disposaient d'une vraie armée bien organisée de près de 50 000 hommes. Ils se sont surtout soulevés pour défendre leur foi et leurs "bons prêtres", proches du peuple. Et parfois pour leurs "seigneurs royalistes". Quant aux "Chouans", répartis au nord du fleuve puis en Mayenne, Sarthe et Normandie,Il s'agissait surtout de bandes indépendantes. Le mot "chouan" provient du surnom donné au contrebandier de sel entre Bretagne, exemptée de droits depuis l'édit d'Union à la France, et le Maine. Jean Cottereau utilisait le hululement du chat-huant comme cri de ralliement pendant ses expéditions nocturnes. Les deux mouvements se déclarent royalistes et catholiques, se démarquant des "Bleus" républicains ou "Patauds". 

     En 1804, le Consulat regroupe environ 400 intellectuels et notables dans une "Académie Celtique". Il convenait alors de développer les vents porteurs du Romantisme ambiant des écrivains vers des références historiques de la nouvelle Nation en constitution après ces terribles années révolutionnaires. A son tour,Napoléon III soutiendra le "Celtisme" et sera un admirateur de la modernité britannique. Cependant, il supprimera la nouvelle "Assemblée bretonne" de 1843. Il faudra attendre 1873 pour qu'elle redémarre sous l'impulsion du député vitréen, catholique et monarchiste, Arthur de La Borderie, avec pour mission le "développement des progrès agricoles et former un centre d'études et de relations". Plus tard, parmi ses membres, Théodore de la Villemarqué (Barzaz), Louis Tiercelin, Anatole Le Bras dit Le Braz, Théodore Botrel, les bardes Abhervé et François Jaffrennou dit "Taldir".

     80 ans après la Révolution française, les Prussiens sont aux portes de Paris. M. de Kératry, ancien préfet de police, quitte la capitale en ballon et propose à Tours au jeune ministre de la guerre et de l'intérieur , âgé de 32 ans, de marcher sur Paris avec une "Armée de Bretagne". Ce Léon Gambetta, originaire de Ligure italienne, natif de Cahors et naturalisé français à 21 ans, était un avocat républicain qui avait lancé un programme radical en 1869 : séparation des églises et de l'état, élection des fonctionnaires, supression des armées permanentes, ... L'armée "Forces de Bretagne" est regroupée près du Mans avec promesse d'obtenir des fusils à tir rapide, canons à longue portée et mitrailleuses perfectionnées. Venus des cinq départements bretons, 25 000 hommes sont stationnés à Conlie avec seulement un armement adéquat pour 2 000 hommes et la plupart sans armes. Alors qu'il restait 15 000 armes à tir rapides à Brest, on ne fit livrer que 2 000 Remingtons de modèle espagnol et 500 revolvers! Des deux bateaux attendus d'Amérique et d'Angleterre, on dérouta l'un d'eux au Havre contenant 38 000 armes à tir rapide. Fin novembre, les 35 000 hommes ne disposaient que de 9 181 fusils à percussions antiques et 5 000 carabines Spencers. On réussit à y ajouter 3 600 fusils à percussion ayant besoin de réparations et 1 400 chassepots ne disposant que de 600 cartouches à se répartir. Début décembre 1870, le maire de Rennes, M. Bidard, alla trouver le préfet qui lui répondit : "On a eu tort de faire une armée de bretons. Que voulez-vous, à Tours ces messieurs craignent que ce soit une armée de chouans..." A la démission du général de division de Kératry, qui ne voulait pas aller au combat pour exposer ses soldats désarmés à une perte certaine, le nouveau commandant passa en revue des soldats bretonnant. "D'ar ger, ma general, d'ar ger!" clament-ils, ce qui signifie "non pas à la guerre mais à la maison!" avec évidemment une mauvaise interprétation du commandant. Le camp de Conlie s'était transformé en camp de la boue piétinés par 50 000 sabots. Ils n'arrivaient pas à trouver de souliers assez grands pour leurs larges pieds de paysans dans ce "KERFANK", en breton ville de la boue.

 

     "Les Révolutionnaires ont commencé par traduire les textes dans nos 35 différentes langues régionales. Mais ensuite ils ont changé de doctrine et décidé de forcer tout le monde à parler le français. L'école obligatoire, à partir de 1882, a permis de concrétiser cette volonté avec des punitions, des humiliations ou des méthodes comme le "symbole". Ce n'était pas généralisé, ça dépendait des écoles, des instituteurs. Le premier enfant qui était pris à parler breton, dans la cour de l'école, devait porter autour du cou ou dans sa poche un objet, un sabot, un morceau de bois... Il devait espionner ses camarades pour le refiler à un autre qu'il surprenait à parler breton. Le dernier qui l'avait, en fin de journée ou de semaine, était puni : retenues après les classes, devoirs supplémentaires, nettoyage des toilettes...

     Les Bretons auraient pu apprendre le français et continuer à parler breton. La majorité de la population mondiale parle plusieurs langues. Ce qu'on a imprimé dans l'esprit des gens, c'est que parler breton c'était être un "plouc", un arriéré. Les Bretons de la campagne et des classes populaires, parce qu'ils ne parlaient pas français, étaient déconsidérés. Ils ont fini par intégrer qu'ils étaient inférieurs et que, s'ils voulaient s'en sortir, il fallait qu'ils ressemblent à ceux qui étaient au-dessus en rejetant leur langue dans un "suicide linguistique". Rozenn Milin, thèse de sociologie UHB2 Rennes - on aurait aussi pu indiquer le même phénomène avec le gallo.

     D'éminents écrivains auront brillé par leurs jugements du peuple et selon les périodes de l'Histoire :

- la formation des élites semblait être une priorité, même chez nombre de propagandistes des "Lumières", à quelques exceptions près, dont Diderot, Turgot ou certains membres du bas-clergé proches du peuple. Ainsi, à Acigné, dès 1718 le recteur de la paroisse proposait un enseignement pour une trentaine de jeunes filles. Les garçons attendront 1833 et la loi Guizot pour aller dans une école de "fréquentation facultative", pas gratuite, sauf pour les indigents.Les filles n'étaient pas concernées!

- Le procureur du Parlement de Bretagne, La Chalotais, soutenait avant la Révolution française que "le bien de la société demande que les connaissances du peuple ne s'étendent pas plus loin que ses occupations." Voltaire l'en félicita par courrier : "Je vous remercie de proscrire l'étude chez les laboureurs." Jean-Jacques Rousseau émit un jugement similaire : "N'instruisez pas l'enfant du villageois car il ne lui convient pas d'être instruit." En 1792 l'abbé Grégoire a combattu contre l'esclavage et pour les Droits de l'Homme, mais aussi pour l'unité linguistique de la République, réservant au seul français le nom de "langue de la Liberté". En 1794, Barrère, du Comité de Salut Public renchérit : "le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton et le fanatisme parle basque!"

     Avec les enfants de paysans, dont la motivation était relative, l'assiduité à l'école suivait un rythme saisonnier. Ainsi, dès mi-juin, avec les foins, beaucoup d'enfants disparaissaient pour ne revenir qu'à la Toussaint, après la moisson du sarrasin et la récolte des châtaignes. Il y avait aussi les jours de foire ou de marché, les petits-frères ou soeurs malades et les vaches à garder.

     Si la loi Guizot fut importante en 1833, bien qu'orientée seulement par des classes primaires publiques ouvertes aux garçons, puis les lois Falloux de 1850 et Jules Ferry 1881/82, il faudra attendre 1939 et la loi sur les allocations familiales pour abaisser l'absentéisme à l'école. Dans l'Ouest de la France, l'enseignement était un bon moyen de reprendre les positions perdues dans la société depuis la Révolution française. La course de vitesse entre nos deux écoles privées et publiques suscita un interminable conflit jusqu'au début des années 1970 avec, fait notable, la mixité dans les classes. Cette dualité public/privé provoquera la recherche des bons résultats et de l'excellence. De nos jours les Académies de Nantes et Rennes pointent en tête. Dans les écoles bilingues breton/français on obtient également un plein épanouissement intellectuel, mais il en va de même avec l'enseignement gallo/français ou anglais/français.

 Revenons à nos chers auteurs, chroniqueurs du XIXè siècle :

- en bon républicain, Victor Hugo : "le Breton parle une langue morte, ce qui est faire habiter une tombe à sa pensée." Sur la route menant en Bretagne avec Juliette Drouet, entre Alençon et Fougères, il "essaiera" de dessiner le château de Lassay dans le Maine, le domestique prétextant que "Monsieur ne reçoit pas les vagabonds!" Il placera Lassay dans ses dix belles villes de Bretagne à côté de Fougères, Vitré, Dinan, Lamballe... mais également Sainte-Suzanne et Mayenne...!

    Carnac : "Les monuments celtiques sont étranges et sinistres. J'ai eu presque un moment de désespoir; figures-toi que ces prodigieuses pierres de Karnac, dont tu m'as si souvent entendu parler, ont presque toutes été jetées bas par les imbéciles de paysans, qui en font des murs et des cabanes. Tous les dolmens, un excepté qui porte une croix, sont à terre, il n'y a plus que des peulvens. Te rappelles-tu? un peulven, c'est une pierre debout comme nous en avons vu une ensemble à Autun en 1825. Les peulvens de Karnac font un effet immense. Ils sont innombrables et rangés en longues avenues. Le monument tout entier, avec ses cromlechs qui sont effacés et ses dolmens qui sont détruits, couvrait une plaine de plus de deux lieues. Maintenant on n'en voit plus que la ruine. C'était une chose unique qui n'est plus. Pays stupide! peuple stupide! gouvernement stupide!"

     En 2023, une association veille sur les pierres de Carnac http://www.menhirslibres.bzh Les sites mégalithiques du Morbihan devraient être membres de l'Unesco prochainement. La démarche est sur le point d'aboutir.

 

     Ce qui était moins méprisant que Gustave Flaubert qui n'y compris "que de rauques syllabes celtiques mêlées de grognements des animaux ..." Pour lui, à Carnac "la nuit, quand la lune roulait dans les nuages et que la mer mugissait sur le sable, les druidesses errantes parmi ces pierres devaient être belles, il est vrai,avec leur faucille d'or, leur couronne de verveine et leur traînante robe blanche rougie du sang des hommes. Longues comme des ombres, elles marchaient sans toucher terre, les cheveux épars, pâles sous la pâleur de la lune."

     Hyppolyte Taine  voit à Carnac, en 1865, "des pierres qui frappent dans un âge barbare. Est-ce une oeuvre de ces druides qui, vivant dans les bois, et n'ayant pas de temple couvert, ont voulu, sur cette plage sans arbres, imiter les files de leurs forêts et consacrer de vagues intuitions géométriques? En tous cas, ces blocs ont été remués par des bras nus de sauvages et des rouleaux. Il y a eu là des assemblées de guerriers, des sacrifices d'hommes, et la bruyère, les ajoncs, le coin bleu de la mer à l'horizon sont les mêmes qu'alors. Y avait-il une croyance attachée au voisinage du soleil couchant et de la mer infinie, l'espérance d'une résurrection? Les druides croyaient à l'âme immortelle, aux renaissances futures aux temps où l'espèce humaine a vagué dans les bois, parente des aurochs et des élans qui ont disparu."

     Jules Michelet sera le plus complet avec son "Tableau de la France et la Bretagne de 1831" qu'il qualifie de "la pauvre et dure Bretagne, l'élément résistant de la France.La langue bretonne ne commence même pas à Rennes, mais vers Elven, Pontivy, Loudéac et Châtelaudren. De là, jusqu'à la pointe Finistère, c'est la vraie Bretagne, la Bretagne "bretonnante", race rude de grande noblesse, d'une finesse de caillou.Les paysans qu'on rencontre, sérieux, les cheveux noirs, la figure sèche, vous regardent obliquement. Ici le visage est rond. Imaginatifs et spirituels, ces descendants des opiniâtres "Kymris" (peuple celte ancêtre des Gallois) n'en n'aiment pas moins l'impossible, les causes perdues. Si le Breton perd tant de choses, sa langue, son costume, une lui reste, le caractère. Ce pays a été longtemps étranger au nôtre, justement parce qu'il est resté trop fidèle à notre état primitif, peu français tant il est gaulois, il nous aurait échappé plus d'une fois si nous ne l'avions tenu serré entre quatre villes françaises : Nantes et Saint-Malo, Rennes et Brest... et pourtant, cette pauvre vieille province nous a sauvé plus d'une fois, souvent lorsque la patrie était aux abois et qu'elle désesperait presque, il s'est trouvé des poitrines et des têtes bretonnes plus dures que le fer de l'étranger."

     Gérard de Nerval en 1849 espère "retrouver là un descendant de ces "fiers gars" qui ont remué la Bretagne pendant vingt-cinq ans, donné la main aux "Vendéens", résisté à Hoche, et que seul Napoléon a pu dompter en les incorporant dans l'armée d'Italie."

     et Stendhal, revenant du soleil d'Italie en juillet 1837 précise à Saint-Malo: "j'avais oublié tout au monde. Si l'on m'eût demandé où j'étais, j'aurais répondu : A la Martinique... On trouve, près de cette ville toute du Moyen-Age, un menhir de vingt-cinq pieds de haut (Dol-de-Bretagne) : ces monuments informes font réfléchir et je commence à m'y attacher, à mesure que je vois augmenter mon estime pour les Bretons...On pourrait lever ici une garde impériale de marins. Du temps de l'Empire, les corsaires bretons attendaient, pour sortir, quelque tempête qui ne permit pas aux vaisseaux du blocus anglais de se tenir près de leurs rochers de granit noir. Quelle différence pour Napoléon si, au lieu de faire des flottes, il eût équipé mille corsaires? Que n'eût-il pas fait avec des Bretons?"

     Gauguin sera attiré  en 1886 par "une nature vierge, des dunes et des landes, le "sauvage". Il citera surtout Le Pouldu. "J'aime la Bretagne, j'y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur le sol de granit, j'entends le son sourd, mat et puissant que je recherche en peinture."

     Ernest Renan, le Trégorrois, définira la Nation en 1882 : "L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation... qui est une âme!"

 

     L'hymne breton "Bro Gozh ma Zadou : tout vient du "Hen Wlad Fy Nhadau" écrit par le Gallois Evan James (1809 - 1878), poète et tisserand de Pontypridd. L'air aurait cependant été composé par son fils James James (1833 - 1902) au cours d'une promenade au bord de l'eau", en janvier 1856 : "Glan Rhondda", les rives de la rivière. Un cantique "Dieu et mon pays" reprendra l'air adapté en 1895 par le pasteur protestant de Quimper W.J.Jones. Quant à l'hymne breton écrit par François JAFFRENNOU, il sera publié dans un journal catholique de Morlaix en 1898. Il s'imposera rapidement en Bretagne au début du XXè siècle ainsi qu'en cornique en Cornouailles avec "Bro goth agan tasow"

. L'Union Régionaliste Bretonne fut présidée à sa création en 1898 par le républicain Anatole Le Braz. C'est toutefois une assemblée conservatrice, regroupant des bourgeois, des notables et des nobles, qui oeuvre pour la transmission des traditions menacées, "des costumes nationaux de Bretagne"... Les liens sont étroits avec le "Gorsedd gallois". Déjà, le collecteur La Villemarqué (Barzaz Breiz) y avait été nommé barde en 1838. Il en fut de même pour plusieurs membres de l'URB en 1899. Devenu "Taldir", François Jaffrenou écrit : "Nous sommes Bretons, et nous voulons que nos compatriotes soient comme nous qui nous occupons des destinées de la race (sens différent que de nos jours), c'est un devoir de les instruire et de les guider... "

     Avant la Grande guerre de 1914-18 les grandes fêtes historiques et celtiques attirent les foules en Basse-Bretagne. En 1914, on dénombrait 1,2 millions de locuteurs en langue bretonne, principalement en Basse-Bretagne - de nos jours, ils ne sont que 200.000 avec une moyenne d'âge de 70 ans -. A Saint-Brieuc en 1906 les hymnes breton puis français sont joués par la musique du 71è Régiment d'infanterie! la Grande guerre de 1914 à 1918 sera celle du "sacrifice breton" avec environ 150 000 morts pour la Bretagne dont 49 000 pour l'Ille-et-Vilaine. La proportion très élevée des morts bretons tient au caractère très rural de la population, ce qui orientait les recrues vers l'infanterie, principale "chair à canon" de la guerre dans les 10ème corps de Rennes et 11ème de Nantes. Un général d'origine bretonne expliquait que "le breton est excellent dans la guerre défensive. le breton n'a pas peur. Il tient là où d'autres régiments lâchent prise. Le fatalisme breton, bien nourri par son éducation religieuse en fait une troupe sûre et la rusticité de ces ruraux était appréciée par l'état-major dans cette guerre des terrassiers." En 1920, le Maréchal Foch pourra entendre l'hymne breton à Morlaix ainsi que nombre de présidents de la République française avant la Seconde Guerre mondiale. Quant au barde Théodore Botrel, né à Dinan en 1868, il deviendra, avec l'écriture de plus de 900 chansons, le "chansonnier des armées".

     Longtemps après 1491, on commémora les cinq siècles d'union de la Bretagne à la France royaliste avec une sculpture d'Anne de Bretagne à genoux devant le roi de France. Cette sculpture, posée en 1911 dans une niche sur la façade de la mairie de Rennes, subira une explosion en 1932. Les indépendantistes bretons faisaient ainsi payer l'édit de François Ier de 1532 qui proclamait l'union de la Bretagne à la France, sans faire signer un vrai traité par les deux parties. De quoi rendre caduque cette union?

     Catholiques et Républicains, la bataille du sport :

- Dans les années 1885 - 1890, Dinard, Saint-Malo et la baie de Saint-Brieuc sont prisés par les Britanniques aisés qui importent leur football. Après la loi de 1901, qui facilite la création d'associations, le Stade Rennais est créé par des étudiants.Son premier entraîneur est un Gallois. Dès 1902, l'Union sportive servannaise et malouine joue avec des joueurs issus des îles britanniques, et un seul joueur français.

- Le tournant entre la fin du XIXè et le début du XXè siècle est un moment critique pour l'Eglise : son influence dans la société française est contestée par les républicains et la pratique religieuse baisse. A la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905, les catholiques s'appuient sur les "patronages" des grosses cités pour aller au contact des masses. Déjà, le patronage proposait de nombreuses acivités : chorale, troupes de théâtre, gymnastique ... Les sports collectifs sont encouragés car développant l'esprit d'équipe. Mais le rugby est écarté car trop violent et contraire à la morale regilieuse.

- dans nos petites cités, il n'en fut pas de même, le sport collectif ne prit racine qu'avec le Front Populaire de 1936. Celui-ci incita certes le droit aux congés payés pour tous mais s'inquiéta aussi de la montée en puissance des Allemands revanchards depuis leur défaite humiliation de la Grande Guerre. Pour des raisons démographiques, depuis 1935, les français doivent effectuer deux ans de service militaire. L'esprit n'est pas totalement à la sérénité. Quelques parties de football se sont déroulées sur notre commune en 1936, peuplée de 1 450 habitants, avec une prépondérance du monde agricole et ses 207 exploitations produisant du blé, du lait et un cidre très réputé. 1936, apparation du premier tracteur dans la commune!

- L'Association "Union Sportive d'Acigné" ne figure au Journal Officiel qu'en janvier 1937 avec pour but "la pratique du sport et la préparation militaire". Le siège est situé au Patronage Saint-Martin. Pour s'ouvrir à tous les acignolais, on note dans l'article I que "toute discussion politique et religieuse est interdite", l'article II ramène aux réalités du moment : "l'Association a pour but de développer par l'emploi rationnel de la gymnastique, du tir et des sports et par la préparation militaire, les forces physiques et morales des jeunes gens, de préparer au pays des hommes robustes et de vaillants soldats et de créer entre tous ses membres les liens d'amitié et de solidarité."

- Depuis mai 1936, Noyal sur Vilaine avait déjà son équipe "Patronage Saint Pierre". Aussi, pendant la Guerre 39/45 on regroupa le peu de joueurs disponibles Acigné et Noyal, en jouant en alternance au champ des "Clouères" haut du bourg d'Acigné ou à la "Moinerie" et aux "Forges"sur Noyal. Les cafés proches servent de vestiaires et sans doute à se désaltérer. Pour les déplacements, on utilise les vélos, très bon échauffement, ou les voitures à gazogène du docteur et du boulanger. Mais la guéguerre catholiques et laïcs repris à nouveau avec alors créations de clubs laïcs, parfois dans la même commune comme à Liffré. On arrêta le sport pendant les guerres de décolonisation. La reprise se fera sur Acigné en 1962.

 

     On l'aura observé avec les écrits rapportés par l'ouvrage d'Henri Fréville, des acteurs opportunistes de la période de la Deuxième Guerre mondiale auront nuit à la cause bretonne.

     Comment va se relever la culture bretonne?

- en 1946, Dorig Le Voyer et Polig Montjarret fondent l'assemblée des sonneurs "Bodadeg ar sonerion" qui s'appelle depuis 2014 "Sonerion" avec 10 000 adhérents dans 130 groupes www.sonerion.bzh 

 - avec une fédération "Kendalc'h" créée à Quimper qui, dès 1950, permettra de "Maintenir" un potentiel de bagadoù et cercles celtiques allant progressivement vers 15 000 membres répartis parmi 150 associations. Malgré une scission en 1967 avec l'autre Fédération, "War'l Leur", l'aire à battre ou à danser, qui réalisa 10 000 membres avec 60 groupes de danses classés et 20 groupe loisirs, en juin 2020 une grande Fédération "Kenleur" aura contracté les deux noms dans un esprit de communauté et de partage du sol. Basée à Auray, elle réunie Bretagne, Divroët et Ille-de-France avec 210 associations représentant 20 à 22 000 membres. www.kenleur.bzh  avec un agenda très chargé de présence aux Fêtes régionales  www.gouelioubreizh.bzh avec comme festival majeur www.festival-interceltique.bzh FIL Lorient 

- 1972, Le Président Georges Pompidou annonce qu'"il n'y a pas de place pour les langues et les cultures régionales dans une France appelée à marquer l'Europe de son sceau!" Rien que cela... Mais, 20 ans après, en 1992, le Président François Mitterrand, également fin lettré,  signa l'article II de la Constitution faisant du seul français la langue de la République.

- Régions : au 19ème Congrès des Régions à Saint-Malo des 27 et 28 septembre 2023, le Gwenn ha Du qui flottait à la tribune, à côté des drapeaux français et européen, était prié, par les services de l'Etat, de sortir du champ des caméras. O.F. 29/9/2023

 -  Place à l'Europe:  la Charte européenne des langues minoritaires sert de promesse électorale puis sera taclée en s'appuyant sur l'article II : il en sera ainsi avec Jacques Chirac en 1996 puis Emmanuel Macron le 19 avril 2017 qui rajoutera "Bonjour la Loire-Atlantique!", à chaque fois ce fut déclamé à Quimper. La France a signé en même temps que l'Italie une "intention" à cette Charte en mai 1999. Mais les deux pays n'ont jamais ratifié, impliquant une obligation juridique d'un Etat. Cette ratification engagerait au moins 35 actions, activités et équipements culturels, autorités admninistratives et services publics, échanges transfrontaliers, Enseignement, Justice, médias, vie économique et sociale, ... Fin mai 2021, la page Facebook d'Emmanuel Macron indiquait que "les langues régionales sont un trésor national qui ne cessent d'enrichir notre culture française." Autant de paroles, à nouveau prononcées à Quimper en juin 2018, avec le projet Girondin d'une Loi 4D, "décentralisation, différenciation, déconcertation et décomplexification". Puis rien en vue, il fallait ajouter "déconcertant".

-  Le "Moulinet d'Acigné" s'honore de pratiquer des danses de Bretagne et d'ailleurs le mardi soir dans une salle baptisée "Glenmor".

     Ce fut la première salle polyvalente avec du sport, basket, tennis de table, ...mais aussi très festive avec le premier fest-noz de mars 1980, les Roidec costumés gorgés de confettis où les artistes et fanfares joyeuses jouaient sur des plateaux empaillés dans une ambiance kermesse pour la jeunesse insouciante. Les murs étant tout d'abord décorés sur des parpaings bruts avec de pandulants dazibaos à la chinoise puis peints par les services municipaux suite à des essais colorés de jeunes du pays... Une autre salle, dite "Le Moulinet", servit d'appoint à l'occasion d'un grand fest-noz pour faire danser au regard d'un poste TV les images filmées de la grande salle à proximité!

     Il était alors grand temps de réfléchir à des plans de vraie salle des "Fêtes" : ce fut plus tard le "Triptik". Notre premier fest-noz s'y déroula le 25 septembre 2010 avec Dans'Meizë, Glaz Bihan, R'K2 et Termen.

Pourquoi une salle rendant hommage à Glenmor?

     1959 : Emile Le Scanv, Milig ar Scanv, l'enfant de paysan de Cornouaille, l'ancien séminariste de Quintin, rassemble des chansons célébrant la Bretagne. "Sa chanson dérange la tranquilité de "militants" alanguis par de faux complexes de collaboration," selon André-Georges Hamon.Le titre "Les nations" sert de détonnateur dans ce tour de chant de celui qui s'habille du nom mythique de Glenmor, "terre et mer" confondues. Fin 1959, la Bretagne a trouvé son héraut. Celui de toute une génération à lever!" en délivrant un carburant pour prendre conscience des racines bretonnes, celtes, de leurs richesses et d'en éprouver une certaine fierté...

     - En 1968, Glenmor expliquera que "De Gaulle avait dit : "nous allons aborder l'ère des nationalismes"; et il parlait pour la France. Il savait, il sentait venir, que l'homme refuserait l'unformité, le jacobinisme, que toutes les provinces de France - ce que j'appelle moi les nations de France -, les peuples de France refuseraient l'uniformisation. Un Occitan ne sera jamais un Parisien, ni un Breton. Nous avons tous nos originalités. Et la richesse culturelle du pays vient de ces différences. Voilà pourquoi notre revendication d'autonomie et d'autogestion en Bretagne est une revendication moderne et pour demain." Parlant de Chateaubriand, De Gaulle avait dit de lui "C'était un désespéré. On le comprend, il avait prévu l'avenir." Glenmor n'était pas un "désespéré"; même si son franc-parler pour dire des vérités, même avec des échecs médiatiques, lui amènent des claques dans sa carrière de chanteur, notamment chez Barclay. Il s'en défendra, invoquant  qu'"il était mieux d'exiger que l'on écoute et entende d'abord ... si j'ai perdu un public nombreux, j'ai gagné un public de qualité." L'homme n'oublie pas que le quotidien se vit auprès du peuple, dans les luttes locales et pour lequel la culture populaire se partage aussi au bistrot. Avec une profondeur philosophique il jouait du langage avec son bilinguisme en vantant le génie et la richesse de la langue bretonne.

     Depuis les années 1960, les textes de Milig, en dépit de l'insolent silence des médias, s'ancrent dans les têtes. Dans leur écho, les guitares fleurissent de gwenn-ha-du. Alors, progressivement, apparaît fière et nombreuse la filiation de Glenmor-le-solitaire.

     - Depuis ses Marches de Bretagne, Philippe Mouazan revendique haut et fort son appartenance à la fratrie. "Les feuilles tombent sur les chemins trempés qui mènent au Couesnon. La rivière tranquille coule entre deux mamelons de verdure et des aulnes géants ... Ici les vents d'automne n'ont pas la rage des galernes meurtrières. Sur une rive la Bretagne, sur l'autre, la Normandie...

     "Dans les années soixante, je parcourai cette contrée des Marches avec le même regard que les touristes endimanchés. Bocage, pâturages aux troupeaux placides dans la sérénité d'une nature endormie. A mes yeux points de différence. Puis vint Glenmor! il secoua les pommiers de mon enfance bretonne.... Milig a colmaté les voies d'eau du chalut aidé par un autre manouche de la lande, Xavier Grall. Le bateau file. La tempête est calmée"

     Selon Edmond Hervé, ancien maire de Rennes : "pour Glenmor, la liberté, c'est l'humiliation que l'on venge. Pour libérer, il a choisi d'écrire et de parler, de chanter et de traduire" Léo Ferré disait que Milig était viking, lequel lui disait "je ne vais jamais chanter en France." Gilles Servat répondra : "Dormir ce soir en Bretagne!" Son copain musicien Hervé avouait : "Etre copain avec ce gars-là, ce n'est pas drôle tous les jours, mais ce n'est jamais triste!" En 1970, Glenmor perdra un ami essentiel, le pamphlétaire du "Canard Enchaîné" Morvan Lebesque. L'ayant perdu à son tour, la Ville de Rennes dressera une sculpture de Glenmor en plein parc du "Thabor". Une revanche pour celui qui provoquera une panique des officiels de la mairie  en chantant le "Bro gozh ma zadoù" dans son salon pour invités à une époque où le breton n'y avait pas le droit.

- Un soir en 1972 avec Gilles Servat et sa "Blanche Hermine" : "on devait jouer sur la presqu'île de Rhuys dans le Morbihan, sous chapiteau. Un arrêté préfectoral avait été déposé pour nous interdire de chanter en breton. Un paysan nous a offert son champ en solution de repli. Pendant la soirée, les gendarmes sont venus pour relever les numéros des plaques de voitures. Mais on a persévéré et les gens voyaient qu'on chantait en breton et qu'on n'était pas punis. C'était les années post-68, la langue s'est développée, la jeunesse commençait à s'y intéresser.Il y avait un fossé entre cette jeunesse bouillonnante qui redécouvrait la culture bretonne et une autre frange qu'on appelait les "Bretons d'avant", avec parfois une langue bretonne considérée d'extrême droite. Cette image a changé quand, avec Tri Yann par exemple, nous sommes devenus solidaires des ouvrières lors de la grève du "Joint français" en 1972. Nous avons chanté en les soutenant." O.F. 29/7/17

- 1972 : avec Alan Stivell, Dan Ar Bras, Tri Yann et donc Gilles Servat, on les désigne comme "pères refondateurs de la culture bretonne". Mais, 1972 c'est aussi la création de "Britanny Ferries" (Alexis Gourvennec, SICA St Pol de Léon, CCI Morlaix), des révoltes sociales avec la "Guerre du lait", pour une juste rémunération, et le "Joint français" de Saint-Brieuc... annonciateur du combat contre la centrale nucléaire de Plogoff dans le Finistère entre 1978 et 1981 et qui sont dans la lignée de révoltes de la jacquerie de Plouyé dans le Poher en 1489 avec ce massacre de paysans armés de fourches dans ce "pré des mille ventres" ou des Penn Sardines des douarnenistes de 1924.

- 1972 : l'Olympia d'Alan Stivell à Paris le 28 février. On dit qu'après ce concert les Bretons cessèrent d'avoir honte de leur culture! Formé à la harpe et au piano dès l'âge de 9 ans, Alan apprend le breton avec des scouts. Devenu professionnel avec le nom de Stivell il comprend que les influences multiculturelles des Beatles peuvent se développer en Bretagne. Sa rencontre de Bénodet avec Daniel Le Bras, futur Dan Ar Bras, sera déterminante. Le guitariste amateur de Van Morrison et Rory Gallagher amènera une modernité anglo-saxonne. Si son premier album "Reflets" en 1970 et sa "Renaissance de la harpe celtique" de 1971 sont traditionnels, il avance vers la fusion électrique folk/rock celtique. Chanter en breton n'a plus rien de ringard, un vrai choc psychologique qui fait vibrer sept millions d'auditeurs sur Europe 1, au concert du Vieux Colombier, avec ce harpiste de 28 ans avec ses cheveux longs, sa chemise de lin et son énorme triskell porté en collier, entouré de huit musiciens. Le vinyle "A l'Olympia" de mai 1972 s'écoule à plus de deux millions d'exemplaires et reste 50 semaines dans le top 50. "Bretons", mars 2022

- Ce réveil culturel et social s'accompagne cependant de celui de la politique extrême avec l'attentat de Roc'h Trédudon attribué dans la nuit du 13 au 14 février 1974 au Front de Libération de la Bretagne, qui le revendique, mais opportunisme ou réalité? L'émetteur situé à Plounéour-Ménez dans le Finistère fut détruit par des bombes privant l'Ouest de la Bretagne de télévision pendant plusieurs semaines. Avec une réelle renaissance du mouvement nationaliste breton cet attentat déclencha de vives réactions quant à la véritable identité des auteurs qui ne seront jamais retrouvés. Cette action ne pouvait être réalisée qu'avec des professionnels aguerris au maniement des explosifs, comme ces militaires qui faisaient des manoeuvres au même moment. LA DST, Direction de Surveillance du Territoire, pouvait également en être. Elle avait déjà détruit la villa de Francis Bouygues à Saint-Malo en 1972 en maquillant son action sur le dos du FLB qui fut toutefois très actif entre 1966 et 1972, avec plus de 27 attentats ou tentatives qui s'étaient estompées en 1973. Sa période la plus marquée durera ensuite jusqu'en 1979, dont l'attentat de Versailles du 25 juin 1978 avec la dégradation d'une partie de l'aile gauche du château. Quant à l'attentat d'avril 2000, au Mac Donald de Quévert dans les Côtes d'Armor qui tua une employée, il fut attribué à la vitrine légale Emgann de l'Armée révolutionnaire bretonne, faisant suite à d'autres actions à Plévin, Rennes et Pornic. L'explosif employé dans trois lieux était identique à celui dérobé sept mois plus tôt par des militants basques et bretons déjà interpellés. Mais, après acquittement par la Cour d'Assise spéciale de trois hommes soupçonnés, on ne sait toujours pas qui a posé la bombe à Quévert et pourquoi. 

     Les "30 Glorieuses" de 1945 à 1973, année du "choc pétrolier", seront celles de la forte croissance, de l'Etat providence et de l'augmentation du niveau de vie. Mais toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. En Bretagne bocagère, la mécanisation agricole demande moins de main d'oeuvre. Le remembrement participe à des espaces plus conséquents pour les cultures mais oublie de faire replanter de nouveaux talus. On en voit de nos jours les dégâts écologiques. On assiste à des départs de bretons vers le Québec, eldorado des années 1960, faisant oublier les années de service en Algérie. Les "yéyés" s'opposent aux "blousons noirs" et tout finit en mai 1968 dans la confusion mais aussi par un vrai changement d'époque.

     Alors, Bretagne Terre d'accueil et/ou d'émigration? selon Anne Morillon, docteure en sociologie, "c'est une hypothèse de travail. Le fait que la culture et la langue bretonne ont longtemps été considérées comme "arriérées" permet d'expliquer une empathie avec l'étranger minorisé. Mais, en Bretagne, face aux réfugiés espagnols qui fuyaient le Franquisme, il y a eu des phénomènes de rejets comme ailleurs. Récemment les gens qui ont fait annuler l'accueil des réfugiés à Callac (22) n'étaient pas tous bretons mais l'obsession actuelle ce sont les réfugiés, les étrangers. A l'inverse, on peut noter cet énorme élan de solidarité pour accueillir les "Boat people" des années 1970. Le catholicisme social, le syndicalisme plutôt classé à gauche et le dynamisme associatif ont été des vecteurs d'intégration.

     Terre d'accueil au XVIIè siècle avec l'arrivée d'Irlandais fuyant la soumission de l'île par Cromwell. Au XVIIIè on voit arriver des Vénitiens, des Gênois, des Portugais ou des Espagnols à Morlaix et à Saint-Malo. Lors de la Première Guerre 1914/18, les hommes sont partis au front alors que l'industrie de guerre marche à plein. Les étrangers arrivent, on le voit dans les arsenaux, mais il n'y a pas forcément appel à la main d'oeuvre étrangère et ce n'est pas une immigration d'installation comme on le voit après la Seconde guerre. A cette époque, il y a un appel pour reconstruire le pays. Dans les années 1970, il y a l'immigration de travail avec le regroupement familial, surtout dans les grandes villes. La noria des travailleurs étrangers qui venaient trois mois pour travailler puis retournaient au pays, puis revenaient, n'était plus possible. Avec le durcissement des conditions d'accès, ils ont du choisir entre rentrer définitivement au pays ou faire venir leur famille.

     Dans les années 2000, on aura une augmentation du nombre de personnes qui fuient leur pays, suite à la Chute du mur de Berlin avec les pays de l'Est, mais aussi conflits Arméniens, Tchétchènes, Ivoiriens, Guinéens, nord du Mali,... également pour les femmes excisions ou mariages forcés... En 2020, les étrangers venaient surtout du Royaume-Uni, Maroc et Portugal. Au total c'est 4% de la population. Les Bretons estiment avec 63% d'avis qu'il "n'est pas indispensable d'être né en Bretagne ou de parents bretons pour devenir breton si on aime la Bretagne." La Bretagne est aussi marquée par l'émigration. Entre 1850 et 1920, plus de 500 000 Bretons ont quitté la région pour fuir la pauvreté." O.F. janvier 2024 

 - En Haute-Bretagne, naissance de "La Bouèze" en 1979 sur les bords de la Rance avec Yves Defrance, jeune enseignant de musique et futur professeur à l'Université de Rennes 2. Il aura collecté dans les campagnes des airs de "violoneux, la plupart nés avant 1900. Avec deux autres passionnés, il fonde une association pour éditer des livres et des disques pour faire découvrir ce patrimoine méconnu. Les Rennais jouaient alors de la musique du "Finistère"! En 1980, le chercheur en ethnomusicologie croise le chemin de Bernard Hommerie et de Pierrick Cordonnier, chanteur et accordéoniste diatonique qui organisaient des bals bretons mettant en valeur les musiques du Pays de Fougères. Les accordéons étaient auparavant laissés dans les armoires. Tout le monde était fasciné par ce qui se passait en Basse-Bretagne sur une ligne Vannes - Saint-Brieuc. La bouèze, du nom d'une cornemuse disparue après la Révolution, désignait l'accordéon diatonique qui a commencé à faire de l'ombre au violon à la fin du XIXè siècle www.monviolon.org . Celui-ci permettait de jouer des danses redécouvertes, comme l'"Aéroplane d'Acigné", qui changeaient des danses musettes de l'accordéon chromatique.Un groupe chants, musiques et danses s'est créé, dans la foulée d'un collectage avec le "Club Acignolais" en 1979 qui organisera son premier fest-noz en mars 1980 puis deviendra "Le Moulinet", nom d'une autre danse recueillie. Entre 1983 et 1988, des "Rigodailles" envahissent la Maison de la Culture en plein centre de Rennes, l'actuel TNB. C'est le grand renouveau de la culture rurale qui envahit le monde urbain du Pays dit "Gallo", lequel associait la langue gallèse avec Henriette Walter à l'Université de Haute Bretagne. De nos jours, "Ferme des Gallets" à Rennes www.laboueze.com lieu de contact tout comme la "Ferme de la Harpe" lieu d'accueil du Cercle Celtique. La Haute-Bretagne ne pourra jamais égaler la richesse et l'importance de la culture traditionnelle de la Basse-Bretagne. Elle se réjouit cependant de nos fêtes majeures comme le "Carrefour de la Gallésie"à Monterfil , le prix Froger-Ferron à Parcé, près de Fougères, la "Bogue d'Or" dite "Teillouse"de Redon, "Sevenadur" et le plus grand fest-noz de Bretagne à Rennes www.yaouank.bzh organisé par www.skeudenn.bzh infos sur  www.wiker.fr/skeudenn 

-  www.dastum.bzh 1972 : sauvegarde, transmission chansons, musiques, contes, proverbes, récits...120 000 documents sonores recueillis et 50 000 iconographiques.Lien avec la revue "Musique bretonne".

- Depuis, avec l'aide de la Région www.bretagne.bzh , Bretagne, Culture et Diversité, basée à Lorient,  est un très important et précieux centre-documentation pour les amateurs de la culture bretonne www.bcd.bzh ses tutos danses sont remarquables, quoique pas assez nombreux.

- la conservation www.cinematheque-bretagne.bzh  à Brest 

- Rennes dispose d'un espace intéressant aux "Champs-Libres" www.musee-bretagne.fr avec centre documentation et expositions, conférences

- Pour les langues de Bretagne www.diwan.bzh www.institutdugallo.bzh www.academie-du-gallo.bzh www.chubri-galo.bzh www.bertegn-galezz.bzh ; avec une course empruntée aux Basques pour soutenir les langues de Bretagne www.ar-redadeg.bzh et meilleure vision langues du monde www.axl.cefan.ulaval.ca (accord Jacques Leclerc Laval Québec)

- Allons aux nombreux festoù-noz ou festoù-diez  danser, écouter les musiques traditionnelles bretonnes en consultant le site www.tamm-kreiz.bzh de Saint-Brieuc. Le bal breton peut aussi s'associer aux autres danses régionales avec des bals folks ou trad' www.agendatrad.org   et www.accrofolk.net 

- dans les médias, le journal Ouest-France n'arrive pas à produire une feuille quotidienne uniquement basée sur la culture bretonne. Mais, régulièrement, des articles réalisés par des journalistes spécialisés offrent des approches intéressantes sur notre Patrimoine vivant et riche, et tellement admiré dans les autres régions françaises. Comme disait Victor Hugo en 1836 :" Quand vous leur dites que leur ville est belle, charmante, admirable, ils ouvrent d'énormes yeux et vous prennent pour un fou. Le fait est que les Bretons ne comprennent rien à la Bretagne... quelle perle!" Et que dire de ces municipalités qui n'arborent pas fièrement les drapeaux bretons, européens et français à leur balcon de mairie ? Sont-ce des maisons purement administratives sans vie et sans âmes? 

- Une revue marquante www.bretons.bzh  et plus politique www.lepeuplebreton.bzh  avec des éditeurs www.coop-breizh.fr et www.skolvreizh.com On peut aussi s'informer www.abp.bzh et www.nhu.bzh 

- un sujet majeur reste en attente avec la "Réunification de la Bretagne historique" dans ses cinq départements, actuellement privés de la Loire-Atlantique www.bretagnereunie.bzh et s'appuyant sur une pétition de 2018, signée par 105 000 habitants de Loire-Atlantique,  le label Breizh 5/5 affiché par une centaine de communes et le conseil régional de Bretagne, les revendications à Nantes portées par son adjoint aux Enjeux bretons, A la Bretonne! 23 Cercles celtiques de Pornic à Clisson, une culture bretonne restée vivante après 80 ans de non-enseignement scolaire en Pays de la Loire et de nombreux défilés et actions diverses. 

     Pourtant, 2 juin 2014, Président François Hollande, 17H30 Bretagne historique réunie. 18H30, intervention attribuée au premier ministre BZH+Pays de Loire, Jean-Yves Le Drian, ministre ancien président région Bretagne,  écarte l'idée sans pouvoir acter la réunification avec la Loire-Atlantique... La Bretagne reste avec ses quatre départements. Marylise Lebranchu, bretonne en charge de la réforme territoriale! avouera : "nous n'avons pas été bon!" et François Hollande dans son livre "Les leçons du pouvoir" : à la fin des fins (entre 18H30 et ...?),  j'étale la carte de la France sur la grande table de mon bureau et, armé d'un crayon et d'une gomme, je propose un nouveau découpage de la France...".

     Signe des temps nouveaux, fin septembre 2023, c'est la première fois qu'un Président français, Emmanuel Macron, évoque le terme d'Autonomie devant l'Assemblée corse. Cette ouverture a été aussitôt saluée par les présidents de Régions, à commencer par le breton Loïg Chesnais-Girard qui a réclamé "la même chose" pour s'affranchir d'un "centralisme passéiste". Beau cadeau médiatique pour l'UDB (Union Démocratique Bretonne) qui fête ses 60 ans (1964 - 2023). Présente au Conseil régional avec son groupe "Breizh a-gleiz" et à l'échelon européen dans l'Alliance libre européenne (ALE), elle réclame depuis toujours l'Autonomie pour une Bretagne réunifiée dans le cadre d'un statut particulier (modèle britannique), ou Autonomie à la faveur d'une évolution générale de la France vers le fédéralisme (modèle allemand), ou encore statut particulier dans le cadre d'une régionalisation à pouvoir législatif (modèle espagnol). www.lepeuplebreton.bzh 

     - Paul Molac, député du Morbihan, groupe Libertés et territoires, aura apporté à l'Assemblée nationale une proposition de loi sur la protection patrimoniale des langues régionales en février 2020. Son habit breton, porté comme jadis par le paysan de Montgermont Le Père Gérard en 1789, n'aura pas eu la suite méritée. On lui reprocha sa "critique de la République et de la Révolution française, un combat d'arrière-garde." 380 000 élèves étudient les langues régionales en France.

     Place au Gallo! La première revendication pour le gallo à côté du breton, pas à sa place...eut lieu en octobre 2022, se basant sur une enquête linguistique de 2018 qui comptabilisera en Bretagne 191 000 locuteurs de gallo et 207 000 en breton. "Le breton est promu, mais à faible dose, et le gallo n'a encore aucune place." est-il rappelé. Toutes les communes sont traduites en breton avec "Egineg" (aucune traduction devinée!) pour Acigné et "Acignaë" Payz de Renne en gallo. Début 2023 on installe six panneaux "Gwitreg" à l'entrée de Vitré en plein pays Gallo; on oublie d'y mettre des panneaux en Gallo. En réaction, une Brigade "Albert Poulain" les déplace jusqu'à Carhaix, ville de Christian Troadec, adjoint aux Langues de Bretagne à la Région. Puis ce fut l'affaire des panneaux de Liffré, ancienne commune où le président du Conseil régional fut maire. Trouvant ainsi une idée pacifique et populaire, les Jeunes agriculteurs ont revendiqué fin 2023 avec des panneaux inversés tête en bas.

- les transports aériens sont surtout concentrés à Brest et à Nantes, ce dernier aéroport limité en espace au sol n'offre pas l'envergure internationale suffisante; les Bretons et Vendéens se doivent alors d'aller régulièrement à la capitale Paris au détriment d'une écologie dans l'air du temps.

- la mode façon Bretagne www.pascaljaouen.com  www.nolwennfaligot.fr et www.stered.eu 

- Pour approfondir ses connaisances sur la Bretagne et les Pays Celtiques, un Diplôme d'Etudes Celtiques est préparé sur une saison le jeudi à l'Université de Haute-Bretagne à Rennes. Il est particulièrement destiné aux jeunes retraités, mais pas seulement...L'association "Kendeskin" est très active pour soutenir vos démarches et animer nombre d'actions avant, pendant et après.

- Alors qu'à la fin des années 1970 seulement un quart des jeunes passaient leur "Bac à lauréat", la Ville de  Rennes, disposant des campus de Rennes I et Rennes II, puis "Ker Lann" à Bruz,  aura su attirer de nombreuses écoles supérieures privées. Début 2 000 on comptait environ 55 000 étudiants rennais, dont 6 600 pour le privé. En 2022/23, Rennes est classée 8ème ville étudiante de France, dépassant les 80 000 étudiants dont 22 000 dans le privé avec 18 établissements et 7 700 étudiants au Nord Ouest, dont 5 000 à Rennes School of Business qui délivre ses certifications internationales pour ses masters et MBA. 27 écoles occupent le centre de Rennes pour 4 300 étudiants, 4 200 dans 13 écoles secteur sud-est. Enfin 12 écoles à "Ker Lann" pour 4 000 étudiants. Les secteurs sont variés : Institut catholique, Ecole catholique arts et métiers, commerce Aforem ou Aftec, kiné, podologie, ergo IFFPEK, vétérinaire UniLaSalle, ... Plusieurs Ecoles d'intérêt national y sont présentes.

     Le nombre d'étudiants baisse en France en raison de la baisse de la  natalité amorcée dès 2005 - 2006. Mais on sait que Rennes est très attractive, contrairement à Nantes à l'ambiance difficile. Une centaine de nationalités y sont représentées. L'ouverture à l'accueil sur Rennes d'ukrainiens, indiens ou américains est amorcée. Récemment,  Rennes et la French touch des métiers créatifs attire avec l'ESMA, école supérieure des métiers de l'animation et l'implantation de "l'école d'art Icônes", mais aussi l'école de design l'Iffdec ou l'école d'art appliqué Pivault vers le quartier Baud Chardonnet. On y trouve également l'école des métiers du cinéma d'animation, des prises de vue réelle CinéCréatis. Le quartier de la gare est destiné à contenir à partir de 2026 plusieurs grands bâtiments de plus de  huit étages et tout un environnement d'accueil étudiants école d'art, avec résidence, salle de sport, d'expo, cinéma, restaurant/bar, co-living.

 

- Toutes nos régions et pays de France nous disent aimer la Bretagne, son maintien de traditions et de valeurs, ses paysages sublimes... La Bretagne a toujours gardé son dynamisme, son esprit "fêtes" concrétisé par ses défilés costumés, ses Rave-Party, ses festivals permanents, son imagination vivante et renouvelée.